La bonne gestion d’une commune repose sur trois piliers :
- Proposer des projets qui répondent aux attentes des habitants
- Les inscrire dans une vision de la ville de demain
- Les conduire et les piloter avec une grande rigueur
L’équipe du maire actuelle a incontestablement le savoir-faire pour proposer « sur le papier » les projets que semblent attendre les Fontenaisiens : rénovation de l’espace public, réalisation d’un gymnase, renouvellement urbain…
En revanche, ces projets s’inscrivent dans une conception de la ville proche de celles des années 70 ou 80 : priorité absolue à la voiture sur les autres modes de déplacement, réalisation de grandes places bétonnées, densification continue, architecture des bâtiments…
Et ils sont souvent conduits et pilotés sans grande rigueur puisqu’en moyenne le coût des projets dérive de 30%, certains projets sont régulièrement retardés (réhabilitation du quartier des Blagis, aménagement du complexe sportif du Panorama) voire carrément abandonnés comme la cuisine centrale industrielle géante.
Les deux projets majeurs présentés jeudi soir au Conseil municipal illustrent parfaitement l’incapacité de la municipalité à maitriser conjointement ces trois piliers.
Le premier projet porte sur la réalisation d’un réseau de chaleur alimentée par une source géothermique. Un projet excellent sur le papier car il répond aux objectifs de lutte contre le changement climatique, à la nécessité de mieux anticiper l’évolution du coût de l’énergie…
Néanmoins, comme Mme Poggi et moi-même l’avons souligné en séance, il s’agit d’un projet d’une grande complexité technique et opérationnelle et toute dérive dans le coût de sa mise en œuvre lui enlèverait une partie significative de son intérêt pour les habitants de notre commune. Pour mémoire, le coût estimé du projet est 65M€ soit l’équivalent de 6 années d’investissement de la ville. Malgré plusieurs questions posées lors de la commission municipale préparatoire, aucune réponse n’a été apportée sur la gouvernance de la société en charge du projet, les risques techniques et financiers actuellement recensés, la trajectoire financière prévue…
Pourtant, comme tous les élus de l’opposition, j’ai fait le pari de la confiance à l’équipe municipale sur ce projet qui est un beau projet et qui s’inscrit dans une vision plus soutenable de la ville de demain. J’espère que nous ne serons pas déçus.
Le deuxième projet concernait la cession du gymnase J. Fournier (rue des Potiers) et des parcelles voisines (qui appartiennent à la ville) à un promoteur immobilier. Celui ci réalisera un programme immobilier de densification majeure dans un quartier actuellement pavillonnaire avec de nombreux espaces verts. Le promoteur immobilier prévoit la construction de 178 logements dont le prix de vente les rendra non accessibles à l’immense majorité des Fontenaisiens, 500 m2 de surface commerciale et un nouveau gymnase (en pratique une coque vide que les services de la ville devront ensuite aménager de fonds en comble). Le coût prévisionnel de ce nouveau gymnase « clé en mains » est estimé à 7,5 M€ soit au moins 15% de plus que le nouveau gymnase du Parc pourtant bien plus grand et capacitaire.
Ce projet présente de nombreuses faiblesses occultées par le Maire :
- Densification du quartier et suppression d’un pavillon qui avait été racheté par la ville pour réaliser une maison de la solidarité. Tant pis les habitants les plus modestes de notre ville attendront
- Suppression d’un équipement sportif majeur de notre ville pendant au moins trois ans alors que de nombreuses sections sportives ont du mal à trouver des créneaux d’entrainement
- Maitrise d’ouvrage d’un équipement public confié à un promoteur immobilier dont les programmes de logements ont été mis à l’index par les acheteurs en raison de leurs malfaçons nombreuses.
Ce projet ne fait pas rêver malgré les photos d’artistes qui cherchent à le présenter sous un angle « écologique ». Il contribue à réduire les espaces de pleine terre à Fontenay-aux-Roses et à densifier notre ville (sans services publics supplémentaires) et son pilotage est confié sans contrôle à un promoteur immobilier.
Au regard de ces différents points, tous les élus de l’opposition ont voté contre et Mme Gagnard élue de la majorité s’est abstenue.
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Contrairement aux propos caricaturaux tenus par le Maire en séance hier ou dans la tribune des élus de la majorité dans le magazine (que certains élus de la majorité n’auraient découvert qu’une fois celle ci publiée dans le magazine), les élus de l’opposition ne sont pas contre tout.
Ils votent plus de 70% des délibérations présentées au Conseil municipal et soutiennent les projets répondant à un objectif d’intérêt général. Ils combattent en revanche les projets inutiles et coûteux comme la cuisine centrale géante industrielle et ce sont eux qui ont eu raison.
Gilles Mergy