La démocratie participative désigne l’ensemble des démarches permettant aux citoyens de prendre part aux décisions politiques. Mais ce concept, souvent mis en avant, recouvre des réalités très différentes. Il peut être un véritable levier d’action pour les habitants, mais aussi se limiter à de simples consultations symboliques, sans impact réel sur les décisions finales.
À l’inverse de Monsieur Jourdain, qui faisait de la prose sans le savoir, certaines municipalités ne font pas de démocratie participative… tout en croyant qu’elles en font.
Qu’en est-il dans notre ville ? Les habitants ont-ils un vrai pouvoir d’influence sur les décisions municipales ?
Une démocratie participative efficace permet aux habitants d’être pleinement impliqués dans les décisions locales, au-delà des élections et repose sur trois éléments essentiels :
Une participation ouverte et représentative, où toutes les voix peuvent s’exprimer.
Une transparence totale sur les décisions prises et les suites données aux propositions citoyennes.
Un véritable pouvoir d’influence des habitants sur les choix municipaux.
Mais dans notre ville, la démocratie participative répond-elle à ces critères ?
Nous avons récemment rencontré l’association CIVIFAR, qui promeut la démocratie participative à Fontenay-aux-Roses et rassemble des habitants engagés pour une ville plus conviviale, solidaire et responsable. Lors de cet échange, nous avons confronté nos observations à leur analyse des dispositifs existants, ce qui nous a permis d’identifier plus précisément les limites actuelles de la participation citoyenne dans notre commune.
Des dispositifs en place, mais une efficacité variable
Les instances de démocratie participative existent à Fontenay-aux-Roses, mais leur impact reste inégal. L’association CIVIFAR, qui suit ces questions de près, a dressé un état des lieux contrasté, mettant en avant à la fois des avancées et des dysfonctionnements.
De nombreux dispositifs existent aujourd’hui à Fontenay-aux-Roses pour favoriser la participation citoyenne : Comités d’Habitants, Conseil Participatif, Conseils de Quartier, comités thématiques, diagnostics en marchant, budget participatif, etc. Certains jouent un rôle plus actif que d’autres, mais tous mériteraient d’être renforcés pour donner aux habitants une véritable influence sur les décisions municipales. Dans cet article, nous avons choisi d’analyser quatre dispositifs particulièrement structurants, qui reflètent bien les forces et les limites de la démocratie participative locale.
Les Comités d’Habitants
Ces comités, destinés à créer un lien entre les quartiers et la municipalité, n’ont pas été renouvelés depuis 2015 et leur rôle s’est progressivement affaibli. Certains échanges inter-comités subsistent, notamment sur des thématiques comme la sécurité ou le commerce, mais leur portée reste limitée, en partie par un manque de communication et de renouvellement des membres.
Le Conseil Participatif
Ce conseil, censé réunir une représentation des habitants trois fois par an sous l’égide du maire, pourrait être un espace privilégié d’implication citoyenne. Pourtant, en raison d’une fréquence de réunion trop faible, son rôle reste encore très limité. L’enjeu est d’en faire un véritable outil de co-construction des politiques locales.
Les Diagnostics en marchant
Ces initiatives permettent aux élus et aux habitants d’identifier ensemble des problèmes concrets sur le terrain. Toutefois, leur efficacité repose sur le suivi des observations faites. Selon CIVIFAR, ces diagnostics ne font pas l’objet de comptes-rendus officiels. Néanmoins, s’ils étaient organisés à des horaires plus adaptés à la population qui travaille, (comme le samedi après-midi), ils attireraient une forte participation.
Le Budget Participatif
Malgré une enveloppe budgétaire en hausse, il reste peu visible et son application demeure sporadique. La seule fois où ils ont été mis en œuvre, comme spécifié par la Charte de la DP, remonte à 2018, avec des réalisations qui ont été faites. En 2024, des appels à projets ont été relancés, mais il n’y a pas eu de suite. Il manque encore un suivi clair des propositions et des réalisations concrètes.
Ces constats montrent que si la démocratie participative existe bien à Fontenay-aux-Roses, elle reste encore perfectible et insuffisamment influente sur les décisions locales.
Quels leviers pouvons-nous activer pour en faire un véritable outil d’action citoyenne ? C’est à cette question que nous souhaitons répondre avec les habitants, en construisant ensemble des solutions adaptées aux besoins locaux.
Aux Ateliers Fontenaisiens, nous travaillons à construire une vision ambitieuse pour une démocratie participative plus aboutie. À travers nos échanges avec les habitants et nos réflexions collectives, nous élaborons un programme qui repose sur des principes concrets et une approche pragmatique.
Dans cette démarche, nous avons identifié plusieurs enjeux clés à relever pour construire une démocratie participative véritablement efficace. L’un des défis majeurs de la démocratie participative est le manque de diversité des participants.
Aujourd’hui, ce sont souvent les mêmes profils qui prennent part aux dispositifs de participation : des citoyens déjà engagés, appartenant aux catégories socio-professionnelles les plus favorisées, retraités ou très impliqués dans la vie associative. Ce phénomène renforce les inégalités existantes et exclut une grande partie de la population, notamment les jeunes, les classes populaires et ceux qui, pour des raisons professionnelles ou personnelles, n’ont pas le temps ou les moyens de s’engager.
Or, une démocratie participative pleinement efficace ne peut exister sans une représentation équilibrée de toutes les voix. Pour cela, il est essentiel d’éliminer les barrières à la participation :
Diversifier les modes de consultation : ne pas se limiter aux réunions publiques en présentiel, mais inclure des outils numériques accessibles, des consultations dans l’espace public et des formats plus souples.
Prendre en compte les inégalités d’accès : certaines populations ont moins de facilité à s’exprimer en réunion ou à utiliser les plateformes en ligne. Il faut donc prévoir des dispositifs adaptés, comme des accompagnements spécifiques, des relais via des structures de quartier et des horaires flexibles.
Encourager une rotation des participants : éviter que ce soient toujours les mêmes qui siègent dans les instances participatives en instaurant des mécanismes de renouvellement (tirage au sort, quotas, mandats limités).
La démocratie participative ne doit pas renforcer les asymétries de pouvoir existantes mais, au contraire, offrir à chacun la possibilité réelle d’influencer les décisions locales, conformément à l’idéal démocratique. Cette exigence d’inclusion doit être une priorité dans toutes les démarches participatives.
Garantir une démocratie participative plus inclusive est un premier pas essentiel mais ne suffit pas. C’est dans cette optique que nous construisons un programme structuré autour de trois axes fondamentaux :
Un engagement politique fort et des moyens concrets
Une démocratie participative efficace ne peut exister sans un vrai soutien politique et des ressources adaptées. Il ne suffit pas d’annoncer des dispositifs, encore faut-il leur donner les moyens d’exister et de fonctionner de manière continue.
Un organe indépendant garantissant le bon fonctionnement
Les dispositifs participatifs doivent être évalués de manière régulière et transparente. Sans contrôle externe, il est impossible de savoir si la parole citoyenne est réellement prise en compte et si les engagements sont respectés.
Des citoyens mobilisés et impliqués dans des instances efficaces
La participation doit être ouverte et accessible à tous, en évitant la concentration des débats entre quelques habitués. Il est essentiel d’intégrer de nouveaux citoyens et de varier les méthodes d’échange pour toucher toutes les catégories de la population.
Ces axes ne sont pas figés : ils seront affinés et enrichis grâce aux échanges avec les habitants. Car qui mieux que les citoyens eux-mêmes pour imaginer les solutions qui leur conviennent ? Nous souhaitons co-construire les détails de ces principes clés avec les habitants, en explorant des solutions adaptées aux réalités locales. Cela signifie écouter les Fontenaisiens, tester des idées, ajuster les propositions en fonction des besoins et attentes réels.
Un mouvement citoyen légitime pour porter cette ambition
Les Ateliers Fontenaisiens sont un mouvement citoyen indépendant, né de la volonté d’impliquer directement les habitants dans la construction de l’avenir de notre ville. Nous voulons faire vivre la démocratie participative de manière authentique, au plus proche des attentes des habitants.
C’est précisément parce que nous sommes un collectif apartisan que nous croyons en une démocratie participative sincère, où les citoyens ne sont pas seulement consultés mais réellement écoutés. Nous n’avons pas d’intérêt partisan à contrôler la participation : notre seul engagement est envers les habitants et la transparence démocratique.
La démocratie ne se décrète pas, elle se construit. Rejoignez les Ateliers Fontenaisiens pour bâtir ensemble une participation citoyenne réelle, efficace et transparente.
Construisons Ensemble un Fontenay qui vous ressemble !
Gilles Mergy et Ahmed Mouldaia, pour les Ateliers Fontenaisiens.