Homo territorialis. Comme à chaque fois que l’on définit une nouvelle espèce appartenant au genre Homo, il faut s’attendre à des débats parmi les paléoanthropologues. L’homo territorialis aurait habité dans des territoires non desservis par les grandes infrastructures de transports, marqués par une faible densité de population, une proportion élevée et croissante de personnes âgées, un déclin économique et une faible attractivité, y compris pour les emplois nécessaires au fonctionnement des services publics. Il serait décédé d’un sentiment d’abandon de la population avec la disparition d’une présence humaine dans les préfectures et les sous-préfectures.
Homo debatus. On ne le connaît que grâce à quelques interviews, un powerpoint au Grand Palais et des hypothèses qui, à force d’être attendues, lassent même les participants. Toutefois, son irruption confirme que les paléontologues sont encore loin d’avoir exploré toute la diversité des politiques publiques disparues : celle des mesures non encore prises faites pour corriger des politiques que l’Homo Etatus n’entend pas bouger d’un pouce. Sauf à demander à l’Homo collectivitus de payer à sa place. Et plus vite que ça !
Homo aeroportus. La photo de ce nouveau venu est floue. Il risque de s’envoler très vite d’ailleurs. Telle une fragrance en promotion achetée dans une boutique de duty free. Mais oui, vous savez, les zareoports, ça sert juste à faire tourner la cash machine. Alors que, bien sûr, l’État n’est aucunement concerné par des questions aussi triviales que la sécurité… Alors, tout un aréopage se demande s’il pourra sauver l’Homo aeroportus de Lutèce. Avouez que ça ne manquerait pas de sel que, en 2019, en sortie de grand débat national, ce soit les collectivités départementales, vouées aux gémonies dès que le vent de la réforme souffle, qui permettent de maintenir sur la piste une présence financière publique et éviter, demain, une perte totale de contrôle.
Jean-Luc Boeuf
Ancien DG de Région, département et commune