Il y a 40 ans, le 10 mai 1981, François Mitterrand était élu Président de la République.
J’avais 13 ans à l’époque et j’ai découvert à 20h le visage “informatique” de F. Mitterrand qui se dessinait peu à peu sur l’écran de TV de mes parents (pour ceux qui s’en rappellent, le graphisme vidéo du visage de F. Mitterrand était très sommaire et n’avait rien à voir avec ceux obtenus sur les jeux vidéo actuels !).
Mes parents, d’origine très modeste et qui avaient du mal à joindre les deux bouts, étaient quant à eux partagés entre l’espoir d’un monde meilleur et la crainte de l’inconnu.
Pour la première fois, la Veme République découvrait en tout cas l’alternance.
Pour des millions de Français, était enfin venu le temps de l’espoir et du renouveau. On entrait enfin dans un nouveau monde.
F. Mitterrand était pourtant conscient de la tâche immense qui lui incombait. Quelques minutes avant l’officialisation de sa victoire, il disait “Nous avons gagné et maintenant les problèmes commencent”.
Dans un pays en crise économique, sociale et morale comme l’était la France à la fin du septennat de Valéry Giscard d’Estaing, l’arrivée d’un président de la république de gauche laissait penser qu’enfin “on allait changer la vie” des salariés les plus modestes, qu’on allait prendre soin de nos ainés, qu’on allait enfin réduire les inégalités sociales, qu’on allait mettre fin aux fractures territoriales qui commençaient à émerger, qu’on allait de nouveau se préoccuper du temps long avec la désignation de Michel Rocard, apôtre de la deuxième gauche, comme Ministre du plan.
Le début du septennat de F. Mitterrand fut flamboyant : le temps des avancées sociales (retraite à 60 ans, cinquième semaine de congés payés, augmentation du salaire minimum…), le temps des avancées sociétales (remboursement de l’IVG, abolition de la peine de mort, libéralisation des ondes et création des “radios libres”,…) et le temps des avancées territoriales (avec les lois de décentralisation et la suppression de la tutelle et du contrôle a priori sur les collectivités locales par les Préfets).
Mais, malheureusement la politique de relance économique engagée par le gouvernement Mauroy (grâce à l’injection de crédits publics) s’est heurtée aux insuffisances de notre appareil industriel qui n’a pas su répondre à la hausse de la demande. Ce fut donc surtout les industries étrangères notamment allemandes qui en profitèrent, ce qui creusa notre déficit commercial et conduisit à une hémorragie de devises.
En 1983, ce fut le tournant de la “rigueur” et celui d’une décision assumée de “simple” prise en compte des contraintes de la mondialisation dans la gestion publique.
Au delà des alternances politiques, ce fut le leitmotiv de tous les gouvernements qui se sont succédés depuis lors.
Certes, au moment de la crise financière systémique de 2008 ou depuis l’an dernier avec la crise de la COVID 19, les pouvoirs publics ont reconnu que l’on ne pouvait pas se contenter d’une politique de laissez faire et qu’il fallait réguler le système financier ou bien retrouver notre souveraineté industrielle en relocalisant la production de biens stratégiques (notamment dans le secteur de la santé mais aussi des semi conducteurs).
Mais, objectivement, comme après les belles promesses de 2008-2009, il y a tout lieu de penser qu’une fois la crise de la COVID 19 derrière nous, les promoteurs du libéralisme auraient repris du poil de la bête et auraient de nouveau demandé la suppression des entraves à l’économie de marché selon le principe capitaliste de base : “privatisons les profits et nationalisons les pertes”.
Mais, il y a toutefois un fait nouveau. C’est l’élection de J. BIDEN aux Etats-Unis et sa volonté de redonner la primauté à la puissance publique pour accompagner les plus faibles, moderniser les infrastructures, favoriser le développement de l’industrie, aider les pays les moins développés. Alors que les principaux bénéficiaires des commandes actuelles de vaccins anti COVID 19 sont des entreprises américaines, il a proposé de supprimer tous les brevets pour permettre l’augmentation de leur production et la vaccination accélérée de l’ensemble des habitants de notre planète.
Pour la première depuis bien longtemps, un dirigeant politique est convaincu de l’ardente nécessité de l’action publique. Et ce dirigeant est celui de la première économique puissance mondiale.
Alors oui, en France, ne le nions pas, le poids politique de la gauche, sauf dans quelques bastions, est aujourd’hui très faible.
Mais, les idées, qui étaient défendues parfois en vain par la gauche et les écologistes depuis plusieurs années, sont aujourd’hui celles qui vont nous permettre de redresser notre pays, de faire face à la crise économique, sanitaire et sociale et ne plus laisser personne au bord du chemin.
Il nous appartient à tous de faire vivre ces idées, d’expliquer à nos concitoyens pourquoi nous élus de gauche, nous n’avons pas toujours réussi à les mettre en oeuvre lorsque nous étions aux manettes et pourquoi désormais nous serons enfin en mesure de le faire car l’environnement est heureusement en train de changer.
Je suis fier de ma double nationalité franco-américaine. Mais pendant 4 ans, j’ai eu honte d’avoir comme Président D. Trump. Aujourd’hui, les Etats-Unis sont à l’avant garde d’une nouvelle ère comme au début des années 30 avec le New Deal du Président Roosevelt.
Donnons nous les moyens de l’engager aussi en France. D’abord, au niveau local, avec les élections départementales et régionales de juin 2021.
Ensuite au niveau national avec les élections présidentielles en mai 2022.
Gilles Mergy