Notre pays pour se réformer a besoin d’être davantage décentralisé qu’aujourd’hui.
Partout ailleurs, fédéralisme ou régionalisation et forte décentralisation sont la règle avec des organisations et des gouvernances de plus en plus horizontales. Ces systèmes ont déjà prouvé leur efficacité. Alors que France est déjà le pays développé le plus centralisé au monde, la technostructure de l’Etat continue d’œuvrer vers plus de centralisation.
Soyons clairs, j’aime l’Etat. J’aime l’Etat quand il assure notre sécurité dont il s’est pourtant défaussé en partie sur les communes. J’aime l’Etat quand il oriente le crédit vers les entreprises et pas vers la spéculation financière. J’aime l’Etat quand il organise notre défense et intervient en moins de 24 heures pour sauver Bamako. J’aime l’Etat quand il révise le droit du travail. J’aime l’Etat quand il assure les solidarités fondamentales.
Mais sur les autres domaines, ceux qui touchent le quotidien de nos entreprises ou de nos compatriotes, je vous dis : « Laissez faire les collectivités ». Chacun des défis auxquels notre pays fait face – l’emploi, la mobilité, la transition écologique et énergétique, le développement des PME, le logement, l’école pour partie– trouvera sa solution dans l’action de nos territoires.
L’accompagnement des personnes âgées, la création de crèches, le développement d’une offre sportive et culturelle de qualité reposent aussi sur la mobilisation des élus locaux.
Parce qu’ils sont proches de ceux à qui ils s’adressent. Parce qu’ils sont réactifs : un élu local peut prendre une décision en quelques jours, alors qu’il faut plusieurs mois pour l’Etat pour décider.
J’ai tout à fait conscience que notre décentralisation n’est pas parfaite, qu’elle reste insuffisamment lisible pour les Français, que la gestion des collectivités doit encore s’améliorer.
Mais, ce qui est certain c’est que les Présidents de région, de départements et les Maires se demandent chaque jour comment faire plus pour leurs administrés en dépensant moins.
Si les communes n’étaient pas responsables des écoles, les Départements des collèges et les Régions des Lycées, qui peut croire une seconde que l’on aurait autant investi pour moderniser les installations, améliorer la restauration scolaire en développant le recours aux produits locaux de qualité, développer les ressources numériques ?
Pourtant, le gouvernement continue de penser que les collectivités sont des opérateurs ou des sous-traitants de l’Etat et doivent lui rendre des comptes. Des comptes sur quoi alors que seul l’Etat continue à alourdir la dette du pays ?
Les collectivités locales, en vertu de la Constitution, s’administrent librement et les élus locaux tirent leur légitimité politique de leur élection au suffrage universel.
Pour l’avenir, nous demandons à expérimenter de nouvelles compétences et de nouvelles modalités d’exercice de ces compétences. On n’a pas besoin d’imposer à toutes les communes de métropole et d’outre-mer d’avoir exactement les mêmes compétences alors que les besoins de leurs habitants sont différents. C’est le sens de la réforme de la Constitution envisagée par le Président de la République et je la soutiens si elle donne effectivement de nouveaux leviers aux collectivités locales.
Le monde d’aujourd’hui est un monde collaboratif et coopératif, un monde de l’horizontalité, La vision portée par une partie des services de l’Etat conduirait à recréer un système vertical et concentré.
Sans méconnaitre la dureté parfois du combat politique, les élus locaux notamment communaux portent depuis bien longtemps l’idée du consensus politique et la co-construction des politiques publiques.
C’est cela le nouveau monde
Hervé Morin
Président de Régions de France
Président de la Région Normandie