Les élections présidentielles d’avril dernier n’ont pas battu des records d’abstention, mais presque : 26,3% au premier tour (c’était 28,4% en 2002) puis 28 % au second tour (31,1% en 1969). Une deuxième place qui n’a rien d’honorable.
On observe la même tendance aux élections législatives de juin : abstention de 52,5% au premier tour (il s’agit du record) et de 53,8% au second tour (le record, à 57.4%, date de 2017).
On constate la même évolution de l’abstention lors des élections municipales : on passe de 20% environ en 1983 à plus de 35% en 2014. Nous laissons volontairement de côté les chiffres astronomiques de 2021, 55 puis 60% d’abstention, trop liés à la crise COVID.
Avec de tels chiffres, la crise de la démocratie représentative n’est pas contestable : que peut-on dire d’autre quand près d’un tiers (à la présidentielle) voire plus de la moitié (aux législatives) de ceux qui ont exprimé le souhait de voter, en s’inscrivant sur les listes électorales, ne se déplacent pas pour mettre un bulletin dans l’urne ?
Ces statistiques sont d’autant plus alarmantes dans un pays comme la France, dont la population est éminemment intéressée par la politique.
Evidemment, certains ont pris conscience de cette crise, et on peut saluer des initiatives comme le « Grand débat national » en réponse aux « Gilets Jaunes », ou la « Convention citoyenne pour le climat ». Mais cela ne concerne chaque fois que quelques centaines à quelques milliers de personnes ; bien trop peu au regard des dizaines de millions d’électeurs français. Et les propositions qui en sortent ne sont pas contraignantes pour les gouvernants ; certains y voient même un trompe-l’œil. Ces réponses, seules, ne sont pas à la hauteur des enjeux.
D’autres proposent une transformation radicale de la constitution, pour aller vers une 6ème République. Pourquoi pas ? Mais pour quoi faire ? Et comment ? Avant de réunir une majorité de Français sur cette idée, il faudrait déjà en préciser le contenu ; de l’eau va couler sous les ponts… En attendant, on fait quoi ?
Notre conviction est qu’il faut redonner du pourvoir aux français sur les problèmes de leur quotidien.
Nos concitoyens sont entrepreneurs ou salariés, propriétaires ou locataires, consommateurs : il faut redonner du poids, de l’audience et de l’écoute aux organisations qui les représentent (syndicats professionnels, organisations de consommateurs, etc.). Et aussi s’assurer de leur représentativité : aujourd’hui par exemple, seuls 11% des salariés, privé et public confondus, sont syndiqués.
Nos concitoyens sont habitants d’un village, d’une ville, d’un quartier, d’une communauté de communes. Ils subissent les inconvénients des chantiers pour lesquels ils n’ont pas été consultés, d’une urbanisation galopante (densification urbaine ou grignotage des terres agricoles), parfois d’une réduction des investissements dans les structures scolaires et périscolaires (crèches, écoles, cantines, centres de loisirs), parfois d’une réduction de l’offre culturelle et sportive.
Mais on ne leur demande leur avis que tous les 6 ans. Pendant ce temps, les citoyens dépendent de la capacité d’écoute et de la bonne foi de leurs élus, qui oublient parfois ce qu’ils avaient proposé dans leur programme électoral… Cet éloignement de la décision et le comportement de certains élus détournent encore davantage de français des urnes.
Notre conviction, celle que nous partageons au sein des Ateliers Fontenaisiens, est qu’il faut développer rapidement l’écoute et la participation citoyenne, notamment au niveau le plus concret pour leur vie quotidienne, le niveau local :
- Faire des comités de quartier ou d’habitants des lieux où l’on peur débattre des problèmes et proposer des solutions, et pas seulement on l’on vient écouter la parole de la majorité municipale ;
- Solliciter l’avis des habitants sur les projets qui ont des conséquences sur leur vie quotidienne, dès les réflexions préalables, en leur donnant tous les éléments du dossier et pas seulement la solution retenue par les élus majoritaires ;
- Pour certains projets structurants, développer le recours au référendum local ;
- Imposer aux élus de faire un bilan régulier (annuel par exemple) de leur mandat selon un schéma « ce que nous vous avions promis / ce que nous avons réalisé / pourquoi nous n’avons pas pu tout faire et ce que cela change pour les prochaines années »
- Imposer à la majorité de mieux associer les élus d’opposition à la préparation des projets ; il n’est pas acceptable d’entendre « Notre conseillère départementale est une élue d’opposition, donc elle est tenue à l’écart des principaux dossiers municipaux » ou de constater le manque de considération dans lequel sont tenus des élus représentant près de la moitié des votants.
Ce ne sont là que quelques pistes ; mais des idées auxquelles nous tenons.
Nous ne pouvons pas nous résigner à voir l’abstention continuer à progresser. Nous ne voulons pas nous résigner à ce que nos élus ne deviennent progressivement que ceux d’une minorité de plus en plus faible des électeurs. Nous sommes convaincus que la commune, l’arrondissement ou le quartier pour les grandes villes, sont le bon niveau pour déployer avec volontarisme la démocratie participative et réintéresser les citoyens à la vie publique.
Le collectif ATELIERS FONTENAISIENS