La gestion de la mobilité en zone dense – Enjeux pour notre commune

Comme beaucoup d’entre vous, j’emprunte chaque jour le RER B à Fontenay-aux-Roses puis le RER D pour me rendre sur mon lieu de travail.

Jour après jour, les trains sont de plus en saturés, les correspondances de plus en plus fragiles.  Le moindre incident sur l’exploitation d’un train quelle qu’en soit la cause peut entrainer des perturbations en cascade sur le réseau de transport francilien.

L’Ile-de-France est chaque jour au bord de la rupture. Il est vital de mettre à niveau l’offre de mobilités dans la région capitale via la construction et la rénovation des infrastructures, la modernisation du matériel roulant, l’innovation en matière d’exploitation des lignes, l’amélioration des organisations…

Certes, depuis quelques années, les pouvoirs publics ont commencé à se mobiliser. Néanmoins, on peut s’interroger sur leur gestion des priorités lorsque le gouvernement affiche sa volonté de poursuivre envers et contre tout le projet de CDG Express (même si sa mise en service a été décalée de quelques mois) en dépit de son faible intérêt et des conséquences néfastes des travaux à venir sur l’exploitation des lignes de RER.

De même, les retards successifs sur le Grand Paris Express ne sont pas une bonne nouvelle pour les Franciliens.

Dans ces conditions, la publication récente de l’ouvrage « Métropolitain » par Alain Krakovitch, Directeur de Transilien SNCF, doit être saluée car il s’agit d’un des meilleurs connaisseurs du sytème de transport en Ile-de-France.

Il part notamment du constat que « la zone dense ne être livrée au hasard de telle ou telle rupture technologique. Elle nécessite un pilotage politique. Elle doit s’appuyer sur une vision, sur des délais de mise en oeuvre et un chiffrage des investissements. (…/…). Nous n’avons plus le droit à l’erreur. »

Alain Krakovitch met également fin au mythe de la voiture autonome, miraculeuse, et peu polluante : « nous devons réaffirmer le caractère central et irremplaçable des trains en zone dense, à rebours de l’hégémonie de l’automobile même intelligente« .

La mobilité en zone dense doit s’appuyer sur le train et sur les mobilités actives (vélo, marche à pied…) et en aucun cas sur un recours accru à la voiture quelles que soient les ruptures technologiques à venir.

Si le projet Grand Paris Express ou le prolongement du RER E vers l’ouest auront à terme des impacts positifs sur les transports collectifs en Ile-de-France, il faut aussi maintenir un effort financier considérable et durable sur la modernisation des infrastructures existantes (lignes, gares…) et du matériel roulant. C’est pour cette raison que je reste très réservé sur l’idée d’une gratuité des transports collectifs en Ile-de-France même si elle est séduisante de prime abord : sans l’apport de la contribution des usagers (qui représente environ 1/3 des financements) , le bouclage sera impossible sans une très forte hausse de la fiscalité qui ferait fuir les entreprises franciliennes.

Alain Krakovitch défend enfin une vision de l’organisation des transports en zone dense très différente de celle qui nous est imposée par une vision idéologique de l’ouverture à la concurrence : il ne faut en aucun cas séparer la gestion de l’infrastructure et la gestion des trains. Si, comme l’obligent les règlements communautaires, il conviendra d’ici quelques années de lancer des appels d’offres sur l’exploitation de lignes de transport en Ile-de-France, il préconise une organisation spécifique au réseau dense francilien : « l’appel d’offres sur une ligne porterait non pas sur l’exploitation seule mais sur la gestion de la ligne tout entière, infrastructures, gares et travaux compris« .

Alain Krakovitch met également en avant plusieurs priorités pour améliorer l’organisation des transports en Ile-de-France tant en ce qui concerne la gestion propre des opérateurs de transport (SNCF et RATP), que sur le développement d’outils d’informations physiques et digitaux, l’optimisation des correspondances…

Il appartient aux décideurs publics de prendre les mesures adéquates pour améliorer les transports dans notre Région (Etat, et Ile-de-France mobilités essentiellement) en s’appuyant sur les propositions d’experts reconnus comme Alain Krakovitch.

Les Maires quant à eux doivent être à l’écoute de leurs administrés et faire remonter les difficultés du quotidien. Ils doivent promouvoir des solutions réalistes, progressives, échelonnées dans le temps mais n’allant surtout pas à contre-sens de l’histoire. C’est l’approche que nous adopterons à partir de mars 2020.

Nous aurons l’occasion de revenir sur ces questions essentielles pour notre avenir à tous lors de notre prochain atelier le 26 juin prochain.

Gilles Mergy

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