Face à l’exaspération légitime des usagers des transports publics en Ile-de-France, de nombreux élus franciliens EELV, PS, PRG, LFI ou PCF se mobilisent (comme lors des assises du RER B qui se sont tenues il y a quelques jours).
Les élus franciliens interviennent ainsi régulièrement sur la dégradation de la régularité, le manque de moyens financiers, le manque de personnel, les pannes sur le matériel roulant, les rails cassés ou les ruptures de caténaires faute d’un entretien suffisant.
Ce sont en effet les causes principales des retards et des annulations de bus, de RER ou de train que nous subissons chaque jour.
Mais ce ne sont pas les seules causes : les actes de malveillance se multiplient (comme le récent incendie à Vaires sur Marne) ainsi que les incivilités ou les pénétrations de voyageurs dans les emprises ferroviaires qui conduisent à l’arrêt des circulations pour des raisons évidentes de sécurité.
Au-delà de ces difficultés financières et opérationnelles, les transports publics franciliens sont fragilisés par les évolutions réglementaires prévues sous la pression de la Commission européenne mais qui sont conduites de manière précipitée par Mme Pécresse, Présidente LR de la région Ile de France et IDF Mobilités : l’ouverture à la concurrence.
Cette ouverture à la concurrence ne doit tout d’abord pas être confondue avec la privatisation des transports publics comme c’est souvent le cas. La RATP et la SNCF sont des entreprises publiques à 100% et aucun projet d’ouverture du capital et encore moins de privatisation n’est à l’ordre du jour à court, moyen et même long terme. Les salariés de ces deux entreprises publiques seront eux aussi victimes de la réforme des retraites Macron mais le statut public de leur employeur ne sera pas remis en cause.
En revanche, l’ouverture à la concurrence qui doit commencer par les bus en 2025 et s’achever en 2039 par les RER est une réelle menace sur la qualité du service publics des transports franciliens.
Les modalités précises de cette ouverture à la concurrence ne sont pas encore connues notamment sur le périmètre (par ligne ou par zone géographique ?) et la durée des délégations de service public. En tout état de cause, elle perturbe à juste titre les agents concernés au sein des groupes SNCF et RATP (même s’ils auront le choix de rester au sein de leur employeur actuel ou de rejoindre la future entreprise qui remportera l’appel d’offres) et complique les processus de recrutement actuels (notamment les chauffeurs de bus).
Elle n’aura aucun effet positif sur la qualité des transports publics en Ile de France bien au contraire puisque l’entreprise privée qui emportera tel ou tel appel d’offres sera toujours confrontée aux mêmes difficultés financières et opérationnelles en ayant en outre moins d’expérience des transports en zone hyper dense que la RATP ou la SNCF.
Cette ouverture à la concurrence est donc une démarche purement idéologique.
Clément Beaune, Ministre des transports actuel, a fait preuve d’un début de clairvoyance en proposant à Mme Pécresse de retarder le cas échéant ce processus. Elle a confirmé son intention de foncer « tête baissée » dans l’ouverture généralisée des transports en Ile-de-France. Ce sont les Franciliens qui vont pâtir de ce rigorisme idéologique.
Gilles Mergy