Sur la base d’une étude de potentiel géothermique réalisé par le SIPPEREC en 2021-2022, les villes de Fontenay-aux-Roses, Sceaux et Bourg La Reine ont décidé d’engager un projet de réalisation de réseau de chaleur à base d’énergie géothermique. Ce réseau pourrait alimenter 15 000 logements sur nos trois communes.
Dans le contexte actuel de hausse durable du prix des énergies notamment fossiles et de réchauffement climatique, ce projet présente plusieurs avantages : coût de revient maitrisable une fois les investissements de départ réalisés, énergie moins émettrice de CO2…
Plusieurs articles publiés dans différents blogs de Fontenay-aux-Roses et Sceaux ont mis en avant à juste titre les avantage de ce mode de chauffage urbain. Je suis d’accord avec ces analyses et je n’insiste donc pas sur ces points.
Néanmoins, il convient aussi de lever plusieurs freins au développement de l’énergie géothermique.
Un premier frein est la complexité de montage d’un projet géothermique : cela nécessite de faire appel à des acteurs différents : foreurs, bureaux d’étude, installateurs de pompe à chaleurs… Le fait de créer une SPL avec le SIPPEREC comme actionnaire majoritaire doit permettre d’internaliser une partie de l’expertise requise. Il n’en demeure pas que le choix des intervenants sur les différents volets du projet sera particulièrement sensible. Plusieurs questions se posent : comment seront élaborés les cahiers des charges ? A quelle expertise faudra t-il faire appel ? Quels sont les risques évalués pour le moment ? …
Le deuxième frein réside dans le manque d’accès aux données du sous-sol, permettant d’évaluer précisément le potentiel géothermique des projets. L’étude du SIPPEREC a permis de disposer d’une première évaluation mais elle aurait besoin d’être approfondie avant de s’engager « tête baissée » dans le projet. Est il prévu des études de sous-sol complémentaires ?
Le troisième frein est de nature financière : le coût d’investissement initial d’un projet géothermique est élevé, même si sa rentabilité à long terme peut être intéressante à condition d’éviter toute dérive dans le coût du projet notamment sur le raccordement et l’alimentation des logements (qui augmente de manière exponentielle au fur et à mesure de l’éloignement de la source) mais aussi du coût des pompes à chaleur. Elles sont en effet beaucoup plus chères que les pompes à chaleur air – air (pompe aérothermique). Cela nécessite donc de mobiliser des capitaux importants au démarrage d’un projet. Dans le cas de Fontenay-aux-Roses, l’apport en capital initial pour un montant total de 2,5 M€ pour l’ensemble des actionnaires risque d’être insuffisant. Quel est le montant des investissements initiaux ? Comment seront ils étalés dans le temps ? Comment seront-ils financés (subventions/emprunts) ? Les banques ont-elles été sollicitées ? Quelle est la trajectoire financière prévue pour la future entreprise ?
Ce qui fait la différence entre un bon et un mauvais projet, c’est parfois l’idée de départ mais souvent les conditions de mise en œuvre. Ce projet de géothermie est sur le papier est une bonne idée. Mais il faut qu’il soit conduit de manière rigoureuse et que les élus du Conseil Municipal soient régulièrement informés de son avancement et de ses difficultés éventuelles.
J’espère donc que le Maire et les élus de la majorité apporteront ce soir les réponses à ces différentes questions.
Gilles Mergy
Un article de 2015 sur la centrale géothermie de Bagneux publié par les Nouvelles de Fontenay: https://www.nouvellesdefontenay.fr/les-travaux-de-geothermie-a-bagneux-grosse-cause-de-nuisances-sonores-pour-les-habitants-de-lavenue-foch-a-fontenay/