Politique mémorielle à Fontenay-aux-Roses: au-delà des cérémonies commémoratives

Les cérémonies des 8 mai et 11 novembre sont les moments privilégiés où notre pays rend hommage aux personnes tombées au champ de bataille afin de défendre les valeurs de la République. Ces cérémonies sont célébrées par différentes personnes qui, génération après génération, se succèdent et perpétuent le souvenir.

Progressivement, ces périodes sombres s’éloignent, effaçant inévitablement les souffrances et les cris des victimes et estompant leur souvenir. Au fur et à mesure que le temps passe, le rapport à la Mémoire est différent selon les âges et les vécus. La Mémoire cesse d’être individuelle pour devenir collective, commune à une nation, une région, une ville.

Alors que le dernier poilu, Lazare PONTICELLI, s’est éteint en 2008 et que les derniers témoins de la seconde guerre mondiale disparaissent, nous avons un défi collectif à relever pour que cette mémoire ne s’éteigne pas.

Une fois que la « Sonnerie aux Morts » a cessé de retentir et que le dernier roulement de tambours de la cérémonie s’est éteint, la question de comment faire vivre, fortifier et transmettre la mémoire de ces événements tragiques, mais fondateurs, au travers des politiques publiques locales se pose.

Nous devons faire en sorte de ne pas simplement sanctuariser cette mémoire comme une sorte d’icône et un devoir relevant de l’injonction.

Comme l’avait écrit  en 1877 Victor Hugo  pour commémorer l’anniversaire de la création de la deuxième République le 24 février 1848,  « Les souvenirs sont nos forces. Quand la nuit essaie de revenir, il faut allumer les grandes dates, comme on allume des flambeaux ».

Pour cela, il est indispensable de faire un point sur les vecteurs des souvenirs communs et les « passeurs de mémoires » de notre commune.

Acteurs passifs, les monuments, plaques et œuvres participent à l’inscription des souvenirs dans le paysage local et s’animent lors des différentes cérémonies.

Les cimetières, monuments et musées nécessitent une « mise en scène » dans les rites officiels, les fêtes publiques et les commémorations permanentes afin de rayonner parmi les personnes.

On citera notamment le monument aux morts de la place du Général de Gaulle de Raphaël MONCASSIN.

Ce monument a été dressé à la suite d’une souscription qui grâce aux dons et à l’organisation de fêtes et de concerts atteint la somme de 15 629 francs dès septembre 1920.

Il s’agit ici d’un parfait exemple d’un rassemblement des fontenaisiens autour d’un besoin de se rassembler et de se recueillir autour d’un souvenir commun.

Acteurs actifs, les fontenaisiens engagés, les associations – la FNACA, l’UNC, le Souvenir Français, les Médaillés militaires – les archives municipales, la médiathèque, les écoles ayant initié une réflexion sur le sujet doivent être connus, leur orientation et moyens de leur action reconnus afin que la municipalité travaille de concert avec eux et les mette en valeur.

Ce n’est qu’en respectant et en s‘appuyant sur le travail effectué et ambitionné par les acteurs locaux du souvenir que la transmission du souvenir sera la plus bénéfique à notre commune.

N’oublions pas que les morts pour la France étaient de toutes origines sociales et de toutes origines géographiques, de toutes les couleurs de peau, de toutes les religions ou athéistes.

Ces souvenirs communs nous rassemblent et comme le disait Victor Hugo sont notre force.

Ils sont un point d’ancrage, un repère connu pour que tout un chacun ne reproduise pas les errements ayant conduit à ces tragédies qui ont pris les vies de millions de personnes et déchiré les liens nous unissant.

Le renforcement de cette attache commune mérite dès lors d’être développé et  approfondi en associant le milieu créatif fontenaisien composé notamment des artistes, artisans, écrivains, universitaires aux citoyens fontenaisiens, élus y compris.

L’échelon communal est l’échelon privilégié permettant une valorisation de notre patrimoine intellectuel communal dont fait partie le souvenir commun.

A cet effet, la municipalité, actrice la plus à même d’organiser efficacement les manifestations du souvenir commun, se doit de mettre en oeuvre une politique mémorielle permettant de rassembler tous les fontenaisiens au-delà des différences d’âge, sociales et culturelles.

Le mieux vivre ensemble commence par une meilleure compréhension de notre Histoire et une plus importante valorisation de notre identité communale dont font notamment partie les deux guerres mondiales.

 

Léa-Iris POGGI

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