Les réactions sur les blogs prouvent que la démocratie participative est un sujet qui intéresse les Fontenaisiens. La « une » du Fontenay Magazine sur « Démocratie participative, favoriser l’expression citoyenne » en est une autre preuve. A contrario.
Pour la municipalité, le projet de toilettage de la rue Boucicaut aurait pu être une belle occasion de passer de la théorie à la pratique. Mais elle a élaboré un projet uniquement amendable sur des détails. Donc exit une vraie « expression citoyenne ». J’ai eu l’occasion d’en parler de vive voix avec Pierre-Henri Constant, maire adjoint aux travaux, espaces publics et voirie. Il explique qu’en tant qu’élu, il n’est pas un spécialiste de la rénovation urbaine et qu’il est donc nécessaire de faire appel à des experts. En clair, il faut laisser faire ceux qui savent : il n’y aurait donc aucune alternative à l’opération proposée par les urbanistes consultés par la mairie. Sauf que ceux-ci reçoivent une commande des élus et qu’ils doivent donc s’y conformer. Alors qu’on pourrait peut-être faire appel à d’autres spécialistes qui pourraient faire d’autres analyses et élaborer des projets différents.
Exemple concret: l’idée de transformer la rue Boucicaut en voie piétonne. Pour les élus, les experts consultés estiment que c’est infaisable. Il faut donc les écouter. Notamment, rapporte Pierre-Henri Constant, parce que les pompiers s’opposeraient à un tel projet pour des raisons de sécurité : en cas d’incendie, il n’y aurait pas assez de place pour accéder aux grands immeubles. L’argument semble imparable. Mais c’est curieux parce que je ne me souviens pas avoir entendu cet argument lors de la présentation du projet en réunion publique… Quand on fait valoir à M. Constant que la rue Houdan à Sceaux est en partie piétonne depuis près de 50 ans, il rétorque que dans la partie concernée, il n’y a pas de grands immeubles. Certes.
Mais on a peine à croire qu’un tel problème ne puisse pas être résolu : comme disent les enfants, quand on veut, on peut, suffit de vouloir. Comment cela se passe-t-il sur la dalle de la Défense, entourée de gratte-ciels et entièrement piétonne ? En fait, on est en droit de penser que dès le départ, les élus avaient décidé qu’il est impossible de « piétonniser » la rue Boucicaut. Et le pouvoir politique fontenaisien n’a visiblement aucune envie ne serait-ce que d’entamer une réflexion sur le sujet avec les citoyens. S’il voulait agir dans le sens de la démocratie participative et de « l’expression citoyenne », il accepterait de mettre en place un vrai dispositif transparent permettant d’en débattre entre élus, habitants et professionnels de l’urbanisme pour faire évoluer le projet s’il y a lieu. Quitte à organiser un référendum d’initiative locale pour trancher.
Car la piétonnisation n’est peut-être pas « la » solution. Mais encore faudrait-il pouvoir échanger sur le sujet de manière sérieuse et contradictoire. A Fontenay, les citoyens sont confrontés, de la part de leurs élus, à une attitude du passé, celle des années 1950-1970. La municipalité ne semble pas avoir compris que le monde a changé. Son obstination me rappelle une citation du dramaturge allemand Bertolt Brecht dans un contexte autrement plus dramatique, celui de la révolte à Berlin-Est en 1953 : « Ne serait-il pas alors plus simple pour le gouvernement de dissoudre le peuple et d’en élire un autre »…
Laurent Ribadeau Dumas