La « parole de la majorité », intitulé « Dans ma ville, il y a… », dans le « Fontenay Mag » de septembre 2024, m’a inspiré. Le texte est bien tourné, rigolo, et m’a donné envie de réagir ! Rigolo car la description qui est faite de Fontenay-aux-Roses, étonnant mélange (d’une fausse naïveté ?) des Bisounours et du film « Barbie » (« Hi, Fontenay-aux-Roses ! »), fait de notre commune un paradis. « Comme à Paris pour les JO, quand les râleurs ne sont pas là ». Vous savez, les râleurs, ces gens qui osent critiquer certains choix politiques, notamment en matière immobilière. Et constatent que la majorité occulte les problèmes qui la gêne. D’où la tentation de lui rappeler certaines vérités…
Moi aussi, je vis à Fontenay-aux-Roses, avec son centre-ville, son marché, ses jardins, beaucoup d’arbres. Ses deux châteaux : Laboissière et Sainte-Barbe. A propos, la bonne blague : vous saviez qu’un immeuble de 19,50 m de haut, pourrait être construit le long de la ruelle Demi-Lune, noyant ainsi complètement et définitivement le château Laboissière, bel édifice du XVIIe siècle inscrit à l’Inventaire des Monuments Historiques ? Pourtant, la municipalité nous jure qu’elle protège le patrimoine. Si, si ! Il y a même une maire adjointe à la culture, à l’esthétique urbaine, au Patrimoine historique, au fleurissement. Si on vous le dit. Mais elle est restée muette sur le sujet. Est-ce à dire que l’immobilier a plus d’importance que le patrimoine, même quand il s’agit du seul monument emblématique de la commune ?
Question projets immobiliers, il faut dire haut et fort que Fontenay n’en manque pas. Ils poussent partout-partout comme des champignons, supprimant des jardins, s’incrustant dans des zones pavillonnaires contrairement aux promesses électorales, défonçant chaussées et trottoirs, qui ne sont déjà pas en très bon état. Le Candide de la tribune de la majorité les passe complètement sous silence. Lui, il voit des « petits immeubles ». « Petit », le projet Demi-Lune qui prévoit un édifice de près de 20 m de haut ?
Pour aller d’un chantier immobilier à un autre, rien de tel que d’utiliser un vélo. Tiens, à propos, la tribune majoritaire explique qu’on peut utiliser ce mode de transport pour aller à Paris. Mais elle ne pipe mot pour ce qui est de la circulation des vélos dans Fontenay. Faut dire que côté équipements pour les cyclistes, Fontenay, c’est un peu le grand désert. Il faut dire aussi que notre maire a des certitudes très arrêtées sur la question. En 2022, il expliquait au Monde que la banlieue « n’est pas l’endroit le plus favorable pour le vélo ». Et d’ajouter : « Et comment savoir s’il représente l’avenir du déplacement ? Je ne suis pas certain que son impact soit si considérable. » Il n’en est « pas certain », donc rien à Fontenay pour le vélo. Pourtant, il devrait regarder un peu partout en France : il verrait que celui-ci se développe partout dans le pays de façon exponentielle, en zone urbaine comme en zone rurale. Mais le chef a toujours raison… Et il décide donc tout seul pour les 25.000 Fontenaisiens. Circulez, y a rien à voir !
La municipalité a-t-elle eu raison de faire aménager une petite pièce d’eau au pied de la mairie, sale la plupart du temps et qui risque d’attirer les moustiques, particulièrement proliférants et intrusifs cet été ? Allez, on arrête de critiquer ce « miroir d’eau » souvent en panne, qui ne vaut assurément pas celui de Bordeaux…
A propos de moustiques et de nuisances, il y a aussi autre chose de problématique à Fontenay-aux-Roses, c’est la prolifération des rats. On les voit déambuler très calmement près des gamins dans l’espace enfants du parc Sainte-Barbe ou à la cité des Paradis aux Blagis. Pour le parc Sainte-Barbe, la municipalité a sorti l’artillerie lourde il y a quelques années: la plantation de menthe … « Il y a des rats partout ; la dératisation ne sert à rien, et cela ne pose pas de problème de maladie. C’est plutôt l’homme qui lui en transmet », expliquait en début d’année aux Blagis notre maire, professeur de médecine, pourtant contredit par l’Académie de… médecine.
On vous l’a dit, les élus majoritaires ont toujours raison. D’où leurs difficultés à sortir de leurs certitudes, à écouter leurs concitoyens. Et à pratiquer la fameuse « démocratie participative », vous savez quand les citoyens donnent leur point de vue sur la gestion des affaires publiques. A Fontenay, on a décidément beaucoup de mal à appliquer un tel principe, même s’il fait la « une » du « Fontenay Magazine » ! Il y a les mots. Et la pratique quotidienne… C’est tellement plus facile et efficace de décider en petit comité.
Prenons l’exemple de l’aménagement de la rue Boucicaut, voie centrale de notre ville. Les élus majoritaires avaient pondu un projet dans leur coin avec des professionnels : c’est vrai, le bon peuple ne comprend rien à ces affaires-là. Et grâce à cela, les citoyens n’avaient pas à se fatiguer : il n’y avait plus qu’à gober le projet tout cru… Il a fallu une manif pour que les élus majoritaires se décident enfin à accepter un vrai débat. Faut dire que les municipales approchant, ces derniers ne sont pas du tout sûrs d’être réélus (sauf si l’opposition part désunie sur fond de guerre des egos…). Ils doivent donc se montrer un peu plus cools.
Fontenay est une ville « très bien gérée », nous apprend le Candide de la tribune de la majorité. Est-ce si vrai ? Malgré les promesses de cette dernière, la taxe foncière a été fortement augmentée à deux reprises, dont la dernière fois de 30 % en 2023. Et ce alors que l’Etat compense la suppression de la taxe d’habitation. Tant pis pour les classes moyennes ! Allez, les promesses n’engagent que ceux qui y croient…
Candide nous explique aussi qu’il y a « beaucoup de services publics » dans notre commune. Pourtant, on n’en voit pas plus que dans les villes environnantes. Peut-être même un peu moins… Car la mairie a supprimé une crèche municipale. Et, aux dires du blog Pour Fontenay, pourrait supprimer le Centre de loisirs et le Club pré-ados. Elle aurait ainsi le projet de vendre à un promoteur immobilier le terrain de ce dernier, situé près du collège dans un quartier pavillonnaire. Dans le même temps, le théâtre des Sources et le cinéma Le Scarron, beaux équipements de proximité, n’ont pas l’air au mieux de leur forme… Sont-ils, eux aussi, appelés à disparaître ?
Une ville « très bien gérée par un super maire très accessible ». Très accessible tant que vous êtes d’accord avec lui. Mais dès que vous osez critiquer publiquement un aspect de sa politique, notamment immobilière, vous devenez un adversaire politique, stipendié par l’opposition. Sur l’air de « Ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous ». Ben, voyons… Le chef a toujours raison, on vous dit ! Même si, comme le disait Beaumarchais, « sans liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur »… Décidément, M. le maire devrait se souvenir qu’il a successivement perdu son siège de conseiller départemental. Qu’il a été sèchement battu aux législatives de 2022. Et que le candidat finalement élu député, qu’il a soutenu aux législatives de 2024, était minoritaire sur Fontenay, seule commune dans ce cas des 4 villes constituant la circonscription …
Laurent Ribadeau Dumas
