Transport publics en Ile-de-France qui est responsable de quoi  et quelles pistes d’amélioration ?

L’organisation des transports publics dans une zone aussi dense que la Région Ile de France est d’une complexité extrême et le moindre grain de sable peut enrayer la machine.

Différents acteurs interviennent : l’Etat, les opérateurs de transport, essentiellement SNCF et RATP pour le moment (dans l’attente de l’ouverture à la concurrence qui interviendra progressivement à partir de 2024), et l’autorité organisatrice (AO) : Ile de France Mobilités. Celle-ci est présidée par Mme Pécresse mais un peu moins de 50% de ses administrateurs sont les représentants de la ville de Paris et des départements franciliens

Chacun de ces acteurs a ses propres responsabilités et ses leviers d’intervention.

Ainsi, cela ne sert à rien de reprocher à Mme Pécresse (ou à M. Huchon avant 2015) une absence d’information donnée aux voyageurs en situation perturbée. Ce n’est pas de la responsabilité de l’AO. Comme cela ne sert à rien non plus de reprocher à la RATP ou la SNCF le non renouvellement de leur matériel roulant (comme sur le RER B). C’est l’AO qui est en charge de financer ce renouvellement.

L’Etat intervient tout d’abord à plusieurs titres :

– Actionnaire unique du groupe public RATP et du groupe public SNCF, de sa filiale à 100% « SNCF Réseau » et de sa filiale à 100% « SNCF Voyageurs » dont fait partie l’activité Transilien

– Décideur en dernier ressort des grands projets d’infrastructures (prolongement RER E, prolongement ligne 14 du métro, grand Paris express mais aussi la liaison CDG express entre la gare de l’Est et l’aéroport de Roissy) et de la rénovation des infrastructures existantes. Depuis des années, l’Etat n’a pas été au rendez-vous en réduisant les crédits de SNCF réseau ou de la RATP sur la maintenance et la rénovation des infrastructures actuelles, ou en imposant le projet de ligne CDG Express qui sera réservée à une minorité de privilégiés au lieu d’améliorer la ligne B du RER qui transporte chaque jour des millions de voyageurs.

Ile de France mobilités en tant qu’autorité organisatrice des transports en Ile de France intervient en tant qu’organisateur et financeur des transports au travers des contrats qu’elle passe avec les opérateurs de transport et des objectifs qu’elle leur fixe en matière de qualité de service (ponctualité, accessibilité, information, sécurité, propreté…).

Ile de France mobilités est en charge des programmes de modernisation des gares ou stations RATP, de leur mise en accessibilité ou du renouvellement des trains, des RER, des métros, des trams et des bus.

Elle définit enfin la politique tarifaire.

En se faisant « balader » par Alstom sur la passation du contrat de renouvellement du matériel roulant sur le RER B, Ile de France Mobilités et donc sa présidente sont responsables du retard considérable qui a été pris (les premières rames neuves ne seront livrées qu’à compter de 2025).

Les opérateurs de transport sont actuellement SNCF, RATP et Optile (association qui rassemble une centaine d’exploitants privés sur les lignes de bus essentiellement dans les départements de la grande couronne). L’ouverture à la concurrence va intervenir progressivement : 2024 pour les lignes de bus, 2029 pour les tramways, 2039 pour les lignes RER et de métro actuelles.

Les opérateurs de transport sont en charge d’exploiter les différentes lignes de transport publics. Ils sont confrontés à la saturation de certaines lignes, au vieillissement et au manque d’entretien du réseau ferroviaire, aux incivilités des voyageurs (utilisation du signal d’alarme sans raison, envahissement des voies…)  mais aussi à leurs propres défaillances (manque d’entretien des rames, absence de conducteur ou de contrôleur…), mauvaise gestion des situations perturbées notamment au niveau de l’information donnée aux voyageurs.

Depuis quelques années, on observe une volonté de l’ensemble des acteurs de redonner la priorité aux transports de la vie quotidienne.  La coopération entre SNCF et RATP s’est sensiblement améliorée notamment sur les lignes RER co-exploitées comme le RER B.

Mais le retard accumulé est considérable et les crédits budgétaires sont très en deçà de ce qui serait nécessaire. C’est aussi pour cette raison que la gratuité totale des transports souhaitée par certains serait catastrophique en Ile de France. Il faudrait en effet trouver plus de 3 Milliards d’euros juste pour maintenir le niveau de ressources actuelles qui est déjà insuffisant.

Il n’y a bien entendu pas de solution miracle pour redresser la qualité de service. Cela prendra du temps mais cela nécessite notamment de progresser sur les points suivants .

  • Il faut que l’AO impose aux opérateurs des indicateurs de qualité de service amitieux mais surtout effectivement  mesurables pour que les progrès puissent être réellement évalués. Il faut qu’elle arrête le saupoudrage politicien et se dote d’une capacité d’expertise et de dialogue compétitif plus robuste que ce soit avec les constructeurs ou les opérateurs de transport ;

  • Il faut que les opérateurs continuent d’améliorer leur organisation et leur management, leur gestion du parc de rames, leur processus industriel, la qualité de l’information voyageurs et la gestion de crise en tout transparence : pourquoi par exemple la branche Robinson du RER B est-elle toujours sacrifiée en cas de situation pertubée ?

  • Il faut enfin que l’Etat arrête d’étrangler financièrement les entreprises dont il est actionnaire et leur donne les moyens de se développer. Et qu’il n’impose pas un calendrier intenable de réalisation du projet CDG Express dont les chantiers de nuit s’arrêtent régulièrement trop tard pour permettre une reprise de l’exploitation du RER B dans de bonnes conditions pour la pointe du matin.

 

Gilles Mergy

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